A l’annonce d’une grossesse, tous les regards se tournent vers la future maman : Porter son enfant, donner la vie … La future maman est en mode création … avec tout ce que cela implique : les maux de grossesse divers et variés certes, les rendez-vous médicaux, mais aussi les papillons dans le ventre (premiers signes de bébé !) qui s’arrondit au fur et à mesure que bébé grandit, les seins qui s’alourdissent …. Bref, une ribambelle de signes extérieures et intérieures qui permettent à la future maman de vivre au quotidien le développement de bébé in utero jusqu’à sa naissance et de se préparer ainsi à devenir maman.
A ses côtés, le co parent …. De « histoires de femmes » où le papa était exclu de toute ou partie de la grossesse et de la naissance (pour rappel avant 1960, le papa n’était pas accepté en salle d’accouchement !), nous sommes passés à majoritairement « histoires de pères et mères » où le co-parent a quasi l’obligation morale d’être présent à chaque étape. Mais là où la future maman est suivie et écoutée, qu’en est-il du co-parent ? « Histoire de femmes » impliquent une certaine transmission du savoir d’autres femmes ayant vécu elles-mêmes des grossesses, des naissances, dont le corps est créé pour donner naissance (enfanter est en nous, notre corps sait faire, comme pour tous les mammifères !). Mais « histoires de pères et mères » n’impliquent finalement qu’un statut social, familial, une sorte de transmission de code moral et de valeurs … pas de savoir être ni de savoir-faire ancrés transmis par des pères depuis des générations ...
Le futur co-parent a/se donne souvent le rôle d’être le soutien, le pilier émotionnel, pratico-pratique de sa chérie et future maman. De plus en plus, il souhaite s’impliquer dans cette grossesse, l’accouchement, le post partum … mais comment s’investir pleinement, sereinement quand lui-même ressent des sentiments ambivalents ? Si une écoute est donnée aux futures mamans, les futurs co-parents peuvent ne pas se sentir légitimes à évoquer leurs sentiments (ils n’ont pas les maux de grossesse eux ! Ils ne sont pas fatigués eux ! leurs corps ne se transforment pas eux ! ils n’accouchent pas eux !) ou peuvent se sentir écoutés superficiellement … et pourtant, la venue d’un enfant est un grand bouleversement familial : et qui dit famille, dit co-parent ! Balayer d’un revers de main ses questionnements, ses craintes, ses besoins d’informations parce qu’il ne vit pas les maux de grossesse par exemple, ou parce qu’il n’est pas à l’aise dans la discussion, tout en lui demandant du soutien et de la compréhension est assez contre-productif à mon sens …
En tant que future maman, nous nous posons mille questions : sur la grossesse, l’accouchement, notre rôle de mère, notre enfant, notre travail, si nous souhaitons allaiter ou non, l’acceptation de ce nouveau corps etc …. Nous avons besoin alors d’informations fiables, d’être écoutée, rassurée, soutenue. Notre échappatoire ? la projection de ce bébé que nous sentons en nous, un plaid et un bon petit film gnangnan à souhait, un moment de détente entre copines, discuter ….
SPOILER ! le futur co-parent se pose mille questions : sur la grossesse (comprendre pour mieux soutenir), l’accouchement (comprendre pour mieux soutenir et se sentir moins impuissant), son rôle de co-parent (sa place dans cette relation fusionnelle de 9 mois), l’enfant à naître, l’engagement, l’impact sur le couple, la sexualité, le travail, l’allaitement (comprendre pour soutenir, l’impact sur le quotidien familial et amoureux …), le post partum de la maman. Sera-t-il à la hauteur des attentes de sa chérie, de ce que les professionnels de santé demandent etc … ? une légère pression non ?
Et quelles sont les échappatoires quand l’évènement les dépasse, notamment les futurs papas ? se refermer sur soi (jeux, réseaux …), fuir (horaires de travail augmentés par exemple), sortir entre potes … Ce n’est pas nouveau … hommes et femmes fonctionnons différemment …
La grossesse est féminine certes mais la place du co-parent est de plus en plus centrale … C’est le souhait sincère d’un équilibre émotionnel, affectif et matériel (pratique) familial.
La demande est posée … et si nous passions maintenant à la mise en œuvre des moyens pour y parvenir en considérant ET la future maman ET le futur co-parent ?
Il est temps d’écouter avec bienveillance et empathie ces futurs co-parents un peu (beaucoup !) déboussolés par cette grossesse et qui n’ont pas l’habitude d’exprimer leurs émotions à ce sujet … il est temps de comprendre leurs craintes, leurs appréhensions de la même façon que nous demandons nous, futures mamans, d’écouter et de comprendre les nôtres … Il est temps de créer un véritable duo de futurs parents où les besoins de chacun sont exprimés, accueillis ensemble ou sous forme de cercle de paroles (entre futurs co-parents par exemple !) … il est temps de leur laisser le temps de déconstruire le cliché masculin qui consiste à affirmer qu’un homme ne perd pas son temps en exprimant ses ressentis, qu’il ne doit pas montrer ses doutes et ses faiblesses … les ancrages ont la vie dure … mais si vous souhaitez Mesdames parvenir à un duo, l’idée serait de prendre en considération ces faits ….
Et toi futur co-parent, futur papa, si tu souhaites prendre cette place qui te revient, ose ! Ose parler, communique pour que ta moitié te comprenne (elle est enceinte, pas devin !) : fuir ou te renfermer créera de la distance, de l’animosité, de l’instabilité … et ose participer à des cercles de paroles de futurs co-parents, participe aux cours de préparation à l’accouchement, assiste aux rendez vous médicaux (de routine, échographie), pose des questions au personnel médical … c’est en sachant et en pratiquant qu’on prend confiance en soi …
Et c’est en communiquant que vous créerez ensemble le duo parental qui vous convient et vous ressemble …
Vanessa Stival, accompagnement prénatal sur Perpignan
Image libre de droit
Commentaires